vendredi, janvier 20, 2006

On a eu chaud…

Pour changer des futilités et du tourisme, il me faut vous faire part d’un évènement qui secoue notre petite île depuis une dizaine de jours et qui nous a fait passer pas loin du drame. D’abord, pour ceux qui ne connaisse pas Maurice, il faut imaginer la quintessence du communautarisme et l’équilibre précaire que cela garanti. « Modèle de tolérance » ou du « chacun chez soi », difficile de faire le part des choses. En 1999, on eu lieu de graves émeutes a caractère communautaire (Créole, les descendants d'esclaves 30% de la population VS Indiens, descendants des travailleurs immigrés au XIXème, majoritaires soit 60% de la population). Un célèbre chanteur de seggea (mélange de raggae et de musique traditionnelle) Kaya –créole- qui avait été arrêter pour avoir manifesté aux coté de Rama Valayden –indien- (actuel ministre de la justice) pour la dépénalisation du cannabis venait de mourir en prison suite a un interrogatoire un peu trop « musclé ». Accident de mur comme on dit ici… Malgré l’évidente responsabilité de la police, le gouvernement n’a rien dit et a acquiescé au pré rapport disculpant totalement les policiers et les gardiens. Ce qu’il faut savoir c’est qu’il n’y a dans la police QUE des indiens et que ce corps peu vertueux regroupe les plus militants des VOI (Voice of Hindous = le FN local), les plus corrompus (une place dans la police nationale, ça se monnaye), les plus cons aussi : délit de faciès maximum pour tous les créoles qui passent. Kaya prônait la fierté de la culture créole, les racines dans l’esclavage, l’Afrique terre mère etc. Inutile de dire qu’il était une icône pour les gamins de bambous et autres victimes de la ségrégation et de la reproduction sociale qui ne va pas tellement dans leur sens. La révolte est partie des villages créoles de l’ouest et s’est étendue rapidement un peu partout. Pendant 5 jours le pays était bloqué, l’anarchie la plus totale, le gouvernement a appelé l’armée indienne au secours pour ramener l’ordre, une petite guerre civile. Si j’en parle, c’est que 6 ans plus tard ces évènements sont encore très présents dans la mentalité des gens. Il faut dire qu’ils sont tombés de haut et que cette fois le réflexe insulaire qui consiste a considérer que le danger viens de l’extérieur, ne pouvait rien pour eux, le risque était là, a leur porte.
Mais revenons a notre histoire. Depuis les élections législatives de l’été dernier qui ont vu la victoire de l’alliance sociale, des changements ont été opérés dans les grands corps de l’Etat. A le tête de la MCIT (Major crime investigation team), le très controversé Prem Raddhoa retrouvait son poste de surintendant de police dont il avait été exclu par l’ancien gouvernement pour ses méthodes peu catholique (pas très hindoues non plus). Très vite les rumeurs de violences policières recommencent, des mutilations, des passages à tabac mais « rien de grave ». L’opinion publique n’étant pas très mobilisable, le gouvernement fermait les yeux. Et ce qui devait arriver… arriva. Il y a dix jours, l’oncle d’un suspect dans une affaire de meutres (2 femmes, 80 coups de couteaux, j’avoue, c’est pas mal) est mort en cellule. La famille et les gens du village ont gueulé et heureusement, un mandat d’arrêt a été lance contre Raddhoa et les fins limiers de son équipe de choc. La chance que nous ayons eu, c’est triste à dire mais tout le monde l’a pensé, c’est qu’ils aient fait ça « en famille ». Si ce pauvre gars avait été créole, ont aurait eu le droit à la même. Mais le problème n’est pas encore réglé : de Rangoolam (Premier ministre) à Valayden (M. de la justice) en passant par Béranger (Chef de l’opposition) on ne peut pas dire que ça se soit précipiter pour condamner ce crime. Ils peinent depuis six mois à trouver un responsable pour la brigade anti corruption (la canadien qui occupait ce poste en avait marre des menace de mort et tous les hauts gradés mauriciens sont mouillés) et maintenant, ils laissent les agents de l’Etat faire justice eux même. Amnesty internationale s’est saisie de l’affaire et demande une condamnation de la part des instances internationales contre Maurice pour usage de la torture et assassinats, ainsi qu’une inspection des prisons, ils vont pas êtres déçus. En plus, comme tout le monde s’y attends, Raddhoa, bien qu’il n’ait même pas chercher à se disculper des actes qui lui sont reprochés, ne sera sûrement pas condamné… La tension est assez forte et l’attention est toujours entière autour de cette affaire. Ce qui est à craindre, c’est aussi que cela fasse ressortir de vieilles histoires, la famille de Kaya demande toujours justice et certaines affaires qui avaient été étouffées sont balancées dans les journaux. La situation n’est pas prête de s’apaiser. Bon, pas de guerre civile à l’horizon mais sûrement pas mal d’ambiance, c’est certain ! Je vous tiendrais au courant de la suite des évènements, je retourne à mon transat, c’est aussi ça Maurice…

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

et bien ça chauffe là bas, il est temps de prendre sa valise et d'aller respirer de l'air sarkosien !!!!!Je plaisante c'est fou ce qu'on est libéraux ici, nous savons tous ce qu'est la démocratie amis nous l'oublions certains jours !!!!!

11:57 AM  

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